Atar, poète persan, a été une des sources d’inspiration de Rumi. Une de ses œuvres mystiques les plus connues est « la conférence des oiseaux ». Il y évoque, par voie allégorique, un voyage : celui d’âmes-oiseaux qui parcourent la Voie des sept vallées, étapes de l’initiation. Elle permet d’accéder au Vrai à condition de tout délaisser, mots et maux ; de se dépouiller et de s’abandonner entre les mains de la huppe-guide. Trois papillons y trouvent une place particulière désignant le parcours de tous les oiseaux. Ceux qui n’osèrent pas le voyage, ceux qui abandonnèrent le cheminement en cours de route. Le troisième papillon désigne enfin les 30 oiseaux pèlerins arrivant à destination « Sîmorgh ». Il ne semble pas que le nom de paradis soit utilisé. Si le chemin initiatique entraine une transformation de notre regard sur le monde, celui-ci pourrait être nommé « Pays des merveilles ». Ce papillon va en dansant, incarnant la folie des amoureux enivrés et pris dans les filets de l’Amour. Ils sont souvent considérés comme insensés car ils se sont détachés des codes sociaux et font fi de ce que l’on dira d’eux ; ils ne souhaitent que l’Union. Le papillon va, enivré et rappelle, entre autres, le Sheikh San’ân, qui délaissa tout prestige pour sa bien-aimée.
Je me plais à rapprocher cette histoire de la notion de l’arbre de Vie. Occasion aussi de montrer qu’à l’origine de ce concept, il y a l’existence réelle dans la nature d’arbres peuplés d’oiseaux, peut-être d’étourneaux, comme sur la photo. Et au final, l’histoire poético-mystique conduit à intérioriser les ingrédients de l’initiation en se sentant à la fois arbre et oiseau, ce que suggère à merveille le dessin.